Sols en santé et agriculture pérenne
Publié le 25 août 2021
Ce texte fait partie d’une série de 15 articles qui visent à faire connaître le Plan des Chantiers de la DUC, élaboré par l’équipe de Group Mobilisation (GMob) dans le cadre de la “Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique”, qui a été reconnue par 525 municipalités représentant 80 % de la population québécoise.
Des Universitaires (11 de 15) – L’agriculture est le secteur qui peut le plus facilement se prêter à la compréhension des effets du réchauffement planétaire. Les extrêmes météorologiques qui en découlent, sécheresses, inondations, tempêtes de grêle, gels tardifs ou neiges précoces, viennent frapper de plein fouet les agriculteurs, qui se rabattent sur la Financière agricole et autres institutions afin d’éviter la faillite. L’impact se reflète jusque dans le panier d’épicerie, affectant au premier chef les plus démunis.
Au Québec, sous l’effet du réchauffement climatique, le “sud” se déplace vers le nord à raison de 10 km par année (soit 27 mètres par jour). À ce rythme, les écosystèmes se disloquent. Or, à peine 2 % de nos terres (33 000 km2 sur 1,666 millions de km2) sont cultivées et elles sont situées essentiellement à l’extrême sud du territoire. On ne peut les déménager ni en créer d’autres aux latitudes élevées. Les superficies agricoles au Québec ne cessent même de diminuer à cause de l’étalement urbain, passant de 4,0 millions d’hectares en 1978 à 3,3 millions en 2016.
La gestion de l’eau, essentielle à l’agriculture, sera de plus en plus difficile. Anne Blondot, du consortium Ouranos, explique que “les précipitations tomberont plus sous forme de pluies intenses, suivies de périodes plus sèches. L’air chaud favorisera aussi l’évaporation, ce qui accentuera le stress hydrique”. Des cultures devront être remplacées par d’autres, ce qui aura des effets sur les producteurs au niveau des certifications et devis.
Si l’agriculture écope, elle participe malheureusement aussi au problème.
L’agriculture industrielle dégrade les sols, et est en grande partie dépendante des énergies fossiles. L’utilisation massive d’engrais, d’herbicides et de pesticides (comme les néonicotinoïdes), fabriqués pour la plupart à partir de pétrole et de gaz naturel, l’emploi de combustibles fossiles dans les machineries, et les émissions directes de méthane et de protoxyde d’azote font que l’agriculture et l’élevage intensifs génèrent d’importantes quantités de GES.
La mise en culture de forêts et de savanes (exemple le plus courant de changement d’affectation des terres) contribue aussi au réchauffement de la planète parce qu’elle affecte les puits de carbone.
Conséquemment (tiré de la Fiche C-DUC 9 du Plan de la DUC)...
Modifier la réglementation municipale pour soutenir et encourager l’agriculture urbaine, sous toutes ses formes.
Si nous désirons des sols en santé et une agriculture pérenne, nous devons avant tout protéger les terres arables.
En janvier 2020, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, déclarait : “Il faut freiner l’étalement urbain. […] Considérant les changements climatiques, on ne peut plus fermer l’oeil”.
Un an et demi plus tard, le premier ministre fonce “les deux yeux fermés ben dur” avec son projet de troisième lien entre Québec et Lévis, qui fera exactement le contraire. Il persiste, avec son “urgence pragmatique”, à nier l’urgence climatique qui se fait pourtant plus pressante.
De quoi dire à ce gouvernement : pousse, mais pousse égal !
(Dans un prochain texte, nous traiterons de questions liées à l’alimentation.)
* Membres du regroupement Des Universitaires
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Marc Brullemans *, Ph.D. Biophysique, Membre du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste et les enjeux énergétiques au Québec
Jacques Benoit *, D.E.S.S. Développement économique communautaire
Membres de GroupMobilisation (GMob) et co-rédacteurs du Plan de la DUC.