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Papillons, garde-à-vous !

par L'Action BoréalePublié le 17 janvier 2022


On dit qu’un simple battement d’ailes de papillon peut déclencher un ouragan. L’Action boréale a posté une nuée de papillons aux portes du bunker ministériel. Là où se gère notre bien commun le plus précieux : nos forêts. D’autres groupes ont fait de même. Une légère hausse de la pression d’air et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) connaîtra sa désintégration méritée. Cette pression s’appelle : l’opinion publique.

La raison d’être de ce ministère et la loi à laquelle il est soumis lui imposent la protection de la forêt dans son ensemble. Pas juste les arbres recherchés par l’industrie. En 2004, le ministère se faisait d’ailleurs semoncer par une commission d’étude (1) qui établit qu’au Québec, on coupait trop et mal. La population en fut profondément choquée.

L’Action boréale (2000) fut une instigatrice importante de la révolution forestière qui s’annonçait. Elle y a même cru. Pendant un certain temps, on voyait les choses s’améliorer un petit peu. L’organisation de notre foresterie était transférée enfin sous la responsabilité du gouvernement. En Abitibi, en 2000, seulement 0,4 % du territoire était protégé. Aujourd’hui, nous approchons de 9 %. Grâce à nos efforts, il faut le dire.

Les techniciens et biologistes du ministère de l’Environnement ont travaillé pendant dix ans à peaufiner un réseau d’aires protégées pour chacune des régions du pays. Les populations furent consultées convenablement. Industriels, écologistes, MRC, autochtones, ministères, tous se sont entendus en un acte démocratique – peut-être sans précédent – pour que le Québec atteigne la cible internationale de 17 % avant 2021.

Puis, à un mois de la date limite, le ministère des Forêts s’est étrangement refermé comme une huître. Les lobbys prédateurs de ressources naturelles l’avaient convaincu de stopper toute initiative de conservation forestière.

Le gouvernement dévoila finalement son plan d’un réseau national d’aires protégées. L’atteinte de l’objectif fut bâclée en “boostant” la protection dans l’immense toundra sans arbres ! C’est ainsi que les 83 projets conçus pour le sud du Québec passèrent à la trappe. Là où la biodiversité est pourtant la plus riche et la plus menacée.

Pour tenter de justifier sa forfaiture, il recourut à la menterie, affirmant que le sud du Québec était trop “privatisé” pour que la foresterie conventionnelle puisse s’y poursuivre. C’est faux, les 83 aires protégées projetées – toutes en territoire public – n’auraient affecté que 5 % de la récolte forestière potentielle. (by the way, il n’est jamais arrivé que les compagnies récoltent tout le bois qui leur est annuellement alloué).

La relation entre l’Action boréale et le MFFP devint passablement tendue. Le moins qu’on puisse dire. En novembre 2018, le ministre Pierre Dufour nous avait demandé de produire un plan de réhabilitation des caribous de Val d’Or dont la population était maintenant réduite à sept bêtes. Ce que nous avons fait avec deux biologistes spécialistes du caribou. Le plan recommandait, entre autres, de laisser à l’état naturel un territoire de 1 225 km2. Aucun accusé de réception ne s’ensuivit.

De ce silence émergea une sorte d’intimidation. Un huissier déposa à la porte de notre président l’ordre de ne plus évoquer le nom du haut fonctionnaire chargé du dossier “caribous”, Francis Forcier. Peu après, le talent diplomatique du ministère s’exprima à nouveau par l’éviction de notre président d’une table de concertation GOR (2) portant sur le destin de l’animal.

Le ministre Pierre Dufour continue de répéter publiquement que l’Action boréale aurait demandé l’arrêt des opérations forestières sur une surface de 12 000 kilomètres carrés pour protéger l’habitat du caribou de Val d’Or, menaçant même la survie de la ville ! Faux. Nous recommandions une protection six fois moindre !

Ce qui reste de la crédibilité du ministre et de son bunker de technocrates fond à vue d’oeil. Ils en sont réduits à faire appel au mensonge pour camoufler le mot d’ordre qui les fait docilement s’agenouiller : “Les arbres, c’est pour les compagnies de bois”. Alors vos yeules, OK !

Nous en sommes là. Que faisons-nous maintenant ?

Nous transformer en papillons pour provoquer une enquête publique ?

L’année électorale est entamée. Chacun·e d’entre nous est invité·e à se “mêler de ses affaires” en priorisant la protection de la forêt et sa biodiversité, l’héritage fondamental attendu de nos enfants.

Nous aimerions beaucoup vous lire au retour de ce message.

L’Action boréale vous souhaite une Bonne Année PSP (3).

(1) Le rapport Coulombe.

(2) GOR : Groupes Opérationnels Régionaux.

(3) PSP : Pas Si Pire. Ce serait déjà génial !

Henri Jacob, président
Richard Desjardins, vice-président
Gilles Quintal, trésorier
Annie Vienney, secrétaire
Yvan Croteau, administrateur
Doris Saint-Pierre, administrateur
Chantal Archambault, administratrice


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