Le PLQ et l’IEDM : plus ça change, plus c’est pareil
Publié le 1 mars 2021
La cheffe de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, Dominique Anglade, a un nouveau consultant avec un mandat de conseil stratégique à son Cabinet : Patrick Déry.
Pour ceux qui ne connaissent pas M. Déry, dans l’année qui vient de s’écouler, il a quotidiennement commenté sur Facebook, puis dans plusieurs médias officiels, les événements liés à la pandémie de la COVID-19, particulièrement les statistiques, l’action du gouvernement, de la Santé publique et du réseau public de SSS. M. Déry, qui se présente comme analyste de politiques publiques, a déjà été analyste associé senior à l’Institut économique de Montréal (IEDM), un “think tank” de droite. On retrouve sur leur site ses interventions jusqu’en avril 2020, M. Déry se considérant depuis comme ex-collaborateur.
Sur sa page Facebook, Patrick Déry justifie son nouveau choix de carrière en expliquant les raisons qui l’ont amené préférer le PLQ aux autres formations politiques. Je passe sur ses analyses de la CAQ, du PQ et de QS, je ne m’attarderai qu’à ce qu’il rapporte du PLQ. Je le cite :
“Ce n’est pas pour autant un choix par dépit. C’est le parti de Lesage, ce fut un temps le parti de Lévesque, et aussi celui d’Adélard Godbout. Surtout Godbout. Celui qui a donné le droit de vote aux femmes, rendu l’école obligatoire et adopté le premier Code du travail, tout ça en cinq ans entre deux mandats de l’Union nationale. Le Parti Libéral du Québec (PLQ) a été le premier parti de pouvoir progressiste au Québec. C’est cet esprit que je retrouve chez l’actuelle cheffe de l’opposition, Dominique Anglade, qui dirige l’aile parlementaire avec laquelle je vais bientôt travailler.”
Permettez que je réagisse : pas pire, d’utiliser des passages historiques valeureux pour justifier le choix du PLQ. Qu’il suffise de rappeler que Philippe Couillard en faisait autant quand il inscrivait son gouvernement en droite ligne, selon lui, de ceux de Godbout et Lesage !
Il me semble pourtant que c’est le passé récent du Parti libéral qui nous permettrait de mieux comprendre le choix de M. Déry, un passé dont a été partie prenante depuis 2015 l’actuelle cheffe Dominique Anglade, et qu’elle n’a pas du tout renié.
Passons sur Paul Gobeil, au Conseil du Trésor vers le milieu des années ‘80, et son État Provigo (une tentative de suivre Reagan aux États-Unis et Thatcher au Royaume-Uni), prenons seulement les 30 dernières années en quelques extraits :
C’est cette même inefficacité qui a permis à certains gérants d’estrade des réseaux sociaux, comme M. Déry, de se bâtir une carrière médiatique en analysant les effets de dizaines d’années de démantèlement du réseau public sans jamais s’attarder aux causes, préférant attaquer la gestion déficiente actuelle, tout en prétextant que le problème, c’est le manque de privé, alors que ce privé n’a jamais cessé de se développer aux dépens du public pendant ces mêmes 30 années !
Vraiment, mais vraiment, jamais le sage n’aura dit aussi vrai que lorsqu’il a déclaré “Tu peux sortir le gars de l’IEDM, mais tu ne peux pas sortir l’IEDM du gars !”.
La CAQ a son Youri Chassin, le PLQ aura maintenant son Patrick Déry.
L’IEDM va sabler le champagne !
Et tous les privés aussi !
Jacques Benoit
Coordonnateur de la Coalition solidarité santé, de 2011 à 2019