Réduire nos GES sur route - 2e partie
Publié le 30 juin 2021
Ce texte fait partie d’une série de 15 articles qui visent à faire connaître le Plan des Chantiers de la DUC, élaboré par l’équipe de Group Mobilisation (GMob) dans le cadre de la “Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique”, qui a été reconnue par 525 municipalités représentant 80 % de la population québécoise.
Des Universitaires (9 de 15) – Plus de 24 000 avions commerciaux parcourent le monde, transportant des passagers sur 8 400 milliards de kilomètres. En 2018, ces avions ont réalisé plus de 38 millions de vols vers l’un des 3 500 aéroports commerciaux. “À chaque battement de coeur, un avion décolle dans le monde, ce qui représente environ 72 vols par minute.”
Ce paragraphe met en relief l’utilisation grandissante de l’avion comme moyen de transport, au point où certains touristes en manque ont même volé pendant 7 heures pour le seul plaisir d’être en avion.
Dans notre précédent article, nous avons vu que, selon l’inventaire 2018 des gaz à effet de serre (GES) du Québec, le secteur du transport générait 36,1 mégatonnes d’équivalent CO2, mais, un autre inventaire, canadien celui-là, les chiffre plutôt à 39 mégatonnes. Peu importe l’inventaire, ce secteur représentait le plus grand émetteur de GES, comptant pour plus de 40 % de nos émissions.
Mais ces inventaires ne tiennent pas compte du transport aérien et maritime international, toujours en augmentation. Pas plus qu’ils ne tiennent compte des effets complexes des aérosols et autres particules des traînées de condensation des avions.
Depuis plusieurs décennies, les scientifiques tentent de comparer le forçage radiatif causé par l’émission d’une tonne de CO2 en altitude par rapport à celle émise au sol avec la même quantité de carburant. Ce facteur radiatif ou “d’altitude”, rarement considéré, est de l’ordre de 2 à 3, multipliant ainsi par 2 ou 3 les émissions “standards” d’un voyage en avion.
Favoriser l’accessibilité à du transport en commun, public et électrifié, constant et efficace (et à la mobilité active : marche, vélo).
Plusieurs s’entendent sur la nécessité de décarboner le transport, mais comment le faire ? Via l’intensité carbone ou via la réduction à la source ?...
On évoque parfois comme solutions d’accroître le pourcentage de biocarburant dans notre essence ou de faire voler des avions à la moutarde québécoise. Elon Musk préfère voir l’espèce humaine comme “multi-planétaire” et capable de s’affranchir des limites terrestres. Leur optimisme débordant les empêche de voir les conséquences. Par exemple, réduire de 40 % notre consommation de produits pétroliers, comme le prévoit le Plan Vert, pour les combler par du biocarburant “made in Québec” nécessiterait plus de 3 fois la superficie de nos sols en culture. De quoi nous faire monter la moutarde au nez !
Les solutions technologiques ne sont pas salvatrices, pas plus que les solutions “locales” ne peuvent contrebalancer les forces économiques trop souvent destructrices de l’environnement. Les infrastructures “structurantes” verrouillent notre avenir, comme ce nouveau projet de tunnel à Québec le fait “pour les 100 prochaines années”.
Le tourisme de “selfies”, les promenades sur les contreforts de l’Everest, les records de vitesse ou de distance, la recherche effrénée de plaisirs axés sur les déplacements : tout cela est en train de tuer notre avenir.
Puisque le transport et notre consommation de biens matériels sont étroitement associés, nous devons aussi réduire notre consommation. L’urgence du réchauffement climatique appelle à ne penser qu’au nécessaire, à l’essentiel.
(Tiré de la Fiche C-DUC 7 du Plan de la DUC)
* Membres du regroupement Des Universitaires
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Marc Brullemans *, Ph.D. Biophysique, Membre du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste et les enjeux énergétiques au Québec
Jacques Benoit *, D.E.S.S. Développement économique communautaire